La ballade de Walt Zaryn

 

Une silhouette rase la 27e

S’arrêtant devant une friche

Une bombe de peinture claque dans l’air

Et sur le mur un trait s’effile

Une odeur de défi le grise

Par sa marque il veut exister

Ombre du rêve américain

Lui le peau rouge des bas quartiers

 

C’est la ballade de Walt Zaryn

Indien en guerre Downtown Brooklyn

La nuit il glisse entre les lignes

Ses griffes entaillent New York City

 

Il trace le pouls des souterrains

Des oubliés du nouveau monde

En recrachant sur le bitume

La sombre vie des catacombes

Chronique murale de hauts buildings

La solitude de chaque matin

Les regards fuyants et perdus

Aux rames du métro aérien

 

C’est la ballade de Walt Zaryn

Indien en guerre Downtown Brooklyn

La nuit il glisse entre les lignes

Ses griffes entaillent New York City

 

Parfois son geste est un murmure

Au creux d’une façade lézardée

Quand il peint son amour perdu

Du pont de l’Hudson envolée

Une prostituée siffle à l’angle

La réalité vient le mordre

Roulette russe des phares de police

Il se cache du nouvel ordre

 

C’est la ballade de Walt Zaryn

Indien en guerre Downtown Brooklyn

La nuit il glisse entre les lignes

Ses griffes entaillent New York City

 

 

Fleuve de Janvier

 

L’oiseau de fer s’était posé

Aux sources du fleuve de janvier

Je voyais tes sens en éveil

S’affoler dans l’obscurité

A Tom Jobim Aéroport

Déjà l’odeur était nouvelle

Animale, fluide, singulière

A nos lèvres manichéennes

 

Le grand amour transatlantique

Rio, l’envoûtante, la sublime

 

La fenêtre ouverte du taxi

Plongeait sur la périphérie

Les quartiers ne s’endorment pas

Là où bat le pouls de la vie

On venait voir le nouveau monde

Et consommer notre passion

Je regardais tes seins durcir

Derrière une nappe de tabac blond

 

Le grand amour transatlantique

Rio, l’envoûtante, la sublime

 

Tu vois là-bas la couleur verte

La jungle qui lutte contre sa perte

Le ciel absorbait l’océan

Ou peut-être était-ce l’inverse

Une lune à deux visages frappait

Doucement les eaux d’Ipanema

Une ancienne légende indienne

Flottait dans l’air et vint à moi

 

Le grand amour transatlantique

Rio, l’envoûtante, la sublime

 

 

 

 

Les rues d’Eskandar

Je ne t’ai pas vu traverser
Au hasard les rues d’Eskandar,
Abandonnant l’adolescence
Juste au-dessus de l’océan
Trouver des pas aux sons nouveaux
Fouiller les veines des murs peints
Aux syntaxes des lumières bleues
Et des corps électroniques

Je ne t’ai pas vu en compagnie
Des mille femmes d’une occupation,
Ni marcher dans les quartiers sud
Où peu d’hommes osent sortir la nuit
Parler aux arbres majestueux
Laisser la pluie faire ses choix
Boire du vin en équilibre
Sur le fil tranchant des théâtres

Je t’ai vu dans le goût doré
Des premiers matins de voyages,
Dans les femmes que j’ai aimées
Et pour qui je ne suis plus rien
Dans les amis qui sont mon sel
Tempo de Nouvelles Orléans
Aux reflets des dauphins qui luttent
Pour sortir des filets tranchants

Je t’ai vu dans toutes les étoiles
Qui brillent avant de disparaître
Dans le sourire d’une étrangère
Un jour à Paris au mois d’août
Dans les forêts rouges millénaires
Et dans les amours qui viendront
Dans la saudade d’un train couchette
Filant à travers la nuit claire

 

Ton Toit

 

Mes doigts baladent leurs sentiments

A l’embouchure de tes lèvres

Quand le soleil matinal ment

Glisse ses rayons en traînées brèves

Un planisphère brille sur tes rêves

Veillant du mur au grand voyage

Quand résonnent au fond de mes rêves

Les battements de ton cœur volage

 

Alors je me glisse sur ton toit

Et tenant tête à mon vertige

Je contemple la vie devant moi

 

Sur le toit je sens les caresses

Du vent qui souffle les nuages

Je regarde les corps qui se pressent

Dans des grattes ciel à mille étages

Ma dernière cigarette s’évade

En suivant les contours radio

Du quartier qui chante son aubade

De croissants et de café chaud

 

Alors je me glisse sous ton toit

Et tenant tête à mon vertige

Je contemple ton corps devant moi

 

 

Une mer trop calme

 

Les capitaines de papier

Et leurs pantins d’ordre moral

Ont bien en main la destinée

Du grand navire post-royal

Ses grands voiles suivent le cours du vent

Auxquels nos destins sont scellés

Mais quand ce vent s’effondre sèchement

C’est aux troisièmes classes de ramer

 

Une mer trop calme au loin sans grain

C’est un mauvais présage que chantent les marins

 

Fiers de travailler sur le pont

Beaucoup marchandent leurs libertés

Ils ne rêvent plus un autre monde

Et seule compte la sécurité

Et quand on balance à la mer

Les maladroits qui ne sont pas nés

Du bon côté de cette terre

La foule garde les yeux fermés

 

Une mer trop calme au loin sans grain

C’est un mauvais présage que chantent les marins

 

De vieilles cabines flambent aux bas-fonds

On glisse les cendres sous le tapis

Quelques gamins crèvent en prison

On claque la porte et on oublie

Mais à faire fleurir tant de larmes

Les capitaines de papier

Oublient que l’histoire change en armes

Parfois les pleurs des révoltés

 

Une mer trop calme au loin sans grain

C’est un mauvais présage que chantent les marins

Une mer trop calme au loin sans grain

C’est présage de tempête que chantent les marins